Premier adjoint, première victime
Serge Deuilhé maire de Saint-Lys et vice-président du Muretain agglo (projet alimentaire de territoire) décide de se présenter aux élections départementales en binôme avec Mme Leclerc sur le canton de Plaisance du Touch. Ces élections sont initialement prévues en mars 2021. Il envisage de devenir conseiller départemental pour les six prochaines années et ainsi de cumuler trois mandats. Maire, Vice-président au Muretain agglo et conseiller départemental.
C’est le point de départ de cette triste histoire.
Prémices ?
Sitôt élu maire le 4 juillet 2020, serge Deuilhé convoque une réunion en petit comité, le 7 juillet 2020, pour envisager sa candidature à la présidence du Muretain agglo. Le poste est détenu par André Mandement figure incontournable de la vie locale et seul candidat à sa réélection. Après avoir évalué ses chances, il renonce finalement à porter le fer contre l’actuel président lors du conseil communautaire du 9 juillet 2020 et conserve son poste de vice-président. Ce faisant, Serge Deuilhé choisit une autre voie, moins dangereuse, comme prolongement de sa carrière politique déjà bien remplie.
Pour rappel, les mandats successifs de serge Deuilhé :
- 2008 > Conseiller municipal depuis 2008, conseiller finances,
- 2010 > Conseiller municipal délégué aux transports en 2010,
- 2012 > Adjoint au maire chargé de la voirie et des déplacements en 2012,
- 2014 > Premier adjoint à l’urbanisme en 2014,
- 2016 > Maire de Saint-Lys et vice-président de l’agglo depuis 2016,
Un triple cumul de mandat contestable
Si le cumul est légal, il n’en reste pas moins contestable au sens de l’intérêt général. Les nombreux dossiers en souffrance à Saint-lys méritent un maire à plein temps : santé, social, sécurité, culture, jeunesse, eau, environnement et bien d’autres. Des sujets que j’aborderai plus en détails dans un avenir proche.
Le cumul à grande échelle est une spécificité toute française et fait de notre pays une exception en Europe, où le cumul des mandats électoraux est interdit ou très limité. La France détient le record européen et pas d’un peu ! Les problèmes posés par le cumul de mandat sont connus et les français, à l’instar des européens, sont majoritairement contre.

D’après les sondages, le cumul de mandat est avancé comme l’une des principales causes de la défiance des électeurs vis-à-vis des politiques, particulièrement le volet «Indemnité ». La prise de conscience est lente. Doucement de nouvelles lois viennent limiter la pratique, la dernière en date par François Hollande en 2014. L’association Anticor dans sa charte demande : “Avoir un maire qui n’exerce ni mandat départemental, régional ou national, étant entendu qu’il n’effectuera pas plus de deux mandats consécutifs”.
Vous l’aurez compris, je suis contre ce triple cumul qui fera de notre maire un « maire fantôme ».
Une majorité des 54 membres du conseil départemental actuel dont le président n’a qu’un seul mandat. Seulement 11% en cumule trois.
- 56% ont 1 mandat,
- 33% ont 2 mandats,
- 11% ont 3 mandats,
- Dans ces 11% de triplant, 1 seul maire d’une commune de 10 000+ habitants (équivalente de Saint-lys),
- 73% des cumulards sont des hommes,
J’ai bien évidement dis au maire ce que je pensais de tout ceci. Je l’ai écrit dans ma lettre de départ.
A ce stade, à ne considérer que le triple cumul, mes convictions personnelles, mon appartenance à l’association Anticor, auraient déjà été des raisons suffisantes de ne pas poursuivre avec la majorité.
Un mal plus profond
Le fond est important mais la forme l’est tout autant. Pendant toute la campagne et jusque dans ses dernières publications, Serge Deuilhé a répété comme des mantras les mots : dialogue, partage, transparence, honnêteté, esprit d’équipe, confiance. Ce sont effectivement de belles valeurs auxquelles on ne peut que souscrire. Malheureusement comme bien souvent, les beaux discours ne résiste pas à l’épreuve de la réalité. Vous allez constater par vous même que la méthode employée est bien éloignée de la rhétorique officielle. Je vous livre la chronologie des faits et vous laisse juge.
Lundi 28 septembre 2020,
La fameuse réunion d’adjoint ou tout a basculé.
Mercredi 30 septembre 2020,
Mon téléphone sonne. C’est le 1er adjoint, Fabrice Planchon avec qui nous avons tissé des liens tout au long de la campagne. Sa voix est défaite, hésitante, il cherche ses mots, visiblement très ému. Il m’explique avoir un très gros problème qu’il ne souhaite pas évoqué au téléphone et me demande d’organiser en urgence une réunion chez moi comme nous avions pris l’habitude de le faire avant les élections pour travailler la communication du groupe. Nous convenons de nous voir le lendemain.
Jeudi 1er octobre,
Réunion à la maison. Nous sommes cinq. Fabrice Planchon, nous dévoile enfin ce qu’il a sur le coeur.
Le lundi 28 septembre une réunion avec le maire et ses adjoints est programmée (sans les conseillers municipaux). Fabrice Planchon initialement appelé ailleurs ne devait pas être là mais le maire lui a clairement fait comprendre que sa présence était requise.
Sans autre préalable, Fabrice Planchon est violement pris à partie par le maire et surtout ses adjoints.
Sans préparation aucune, voilà ce qu’apprend le premier adjoint dans ce qu’il a perçu comme une parodie de tribunal :
- Serge Deuilhé a décidé fin Aout 2020 d’être candidat aux élections départementales. Il deviendrait ainsi conseiller départemental pour 6 ans,
- Serge Deuilhé a parfaitement conscience qu’en acceptant un triple mandat il devra, faute de temps, « laisser les clés de la commune » à son 1er adjoint,
- Serge Deuilhé retire sa confiance à Fabrice Planchon et décide de lui retirer le poste de 1er adjoint, le remplacer purement et simplement. Les noms de Cathy Louit et Denis Pery circulent.
- Serge Deuilhé demande que ces nouveaux éléments ne soient pas communiqués au reste du groupe, les conseillers municipaux de la majorité.
Abasourdis, incrédules, complètement pris de cours, nous décidons d’élargir le groupe et de nous voir le lendemain pour réfléchir à une marche à suivre.
Vendredi 2 octobre,
Réunion à la maison. Nous sommes huit.
Pour nous, le limogeage au bout de 3 mois du 1er adjoint est inacceptable. Ce sera la ligne rouge des futurs débats. En cas de refus, toutes les solutions sont envisagées y compris la formation d’un groupe dissident qui pourrait compter jusqu’à 10 conseillers, y compris la mise en minorité du maire et la tenus de nouvelles élections.
Pour éviter tout débordement, nous décidons d’écrire un communiqué qui sera lu lors de la prochaine réunion de la majorité.
Lundi 5 octobre
Réunion en visioconférence de l’ensemble du groupe convoquée par Serge Deuilhé (plusieurs cas contact dans l’équipe).
Après que Fabrice Planchon ait lu le communiqué, serge Deuilhé confirme; Il est bien candidat; Fabrice Planchon ne sera plus 1er adjoint; Il va nommer un autre 1er adjoint; Il voulait garder cette information secrète. S’en suit une longue série de mises en cause personnelles et d’éclats de voix sans intérêt.
A ce stade, ne nous y trompons pas, il est important de préciser que serge Deuilhé n’avance pas seul. Il est entouré par sa garde rapprochée, la même qui a déboulonné Jacques Tène, l’ancien maire en 2016. Une fois encore cette triste équipe, tous adjoints, fait front commun autour du maire contre Fabrice Planchon et contre notre groupe.
Bilan
J’ai compris ce soir là que ma place n’était plus dans cette majorité. Je n’avais pas envie de voir mon nom associé à une telle mascarade.
Je n’ai pas de statistiques à proposer sur le sujet, mais un maire qui vire son 1er adjoint trois mois après l’élection et seulement trois petites semaines après la rentrée des vacances d’été, cela ne s’est probablement jamais produit en France. Il faut bien comprendre que nous avons travailler à construire un programme et surtout une équipe. En tout cas, c’est ce que l’on nous a laissé croire pendant la campagne. L’élection gagnée, la fine équipe reprenait les rênes sans ménagement, pariant sur le silence des nouveaux conseillers.
Ce qu’il faut bien appeler une trahison, préparée sournoisement dans l’ombre, préparée dans le dos du groupe majoritaire est une insulte au premier adjoint, une insulte aux élus, une insulte aux saint-lysiens.
Cette dérive que je qualifie d’autoritaire a provoqué le départ de 3 conseillers. A l’heure ou j’écris ces lignes, je sais par “des indiscrétions” que d’autres conseillers municipaux vivent encore très mal le coup de force mené par serge Deuilhé et ses sbires.
Dans beaucoup de circonstances, l’ambition personnelle est louable mais jamais au détriment du collectif.
“L’ambition individuelle est une passion enfantine.” Charles De Gaulle
* A toutes fins utiles, je précise que j’ai bien évidement conservé tous les écrits : mails, WhatsApp, etc.
En lien
Article de la dépêche du 18 décembre 2020, “Saint-lys – Fin d’année mouvementée au conseil municipal”
Un éclairage sur le site gouvernemental “Vie publique”, Cumul des mandats : une pratique de plus en plus restreinte
Propositions Anticor, Les 30 propositions d’Anticor pour des communes plus éthiques !
2 réflexions sur “Pourquoi j’ai quitté la majorité”
Bonjour, cet article est intéressant, mais il n’est pas signé. Ou je n’ai pas su trouver le nom de don auteur. Peut être la lecture sur smartphone en modifié la mise en page.
Qui en est l’auteur svp?
Cordialement
Bonjour Madame,
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Cordialement